top of page

2023

Intention, discernement et folie dans la Loi juive

Intervenant : David Krausz

Date : Décembre 2023

 

L’intention : voilà une notion dont le sens peut sembler clair et simple à première vue. Avoir une intention c’est vouloir quelque chose. Faire quelque chose intentionnellement signifie accomplir ce que l’on voulait accomplir.

Cependant, la portée et l’opérativité d’une action dans le système halakhique dépendent très souvent de l’intention qui l’accompagne, ce qui  confère à la notion d'intention une complexité décisive.

Au cours de ces trois rencontres, nous nous intéresserons non seulement aux répercussions de l’intention de façon générale sur différents domaines de la Halakha. Mais surtout à déceler, à travers l’étude de quelques passages de la Mishna et de la Guemara, différents types d’intention qui existent et qui ont, chacune, leur singularité.

Dans ce contexte, nous verrons que ḥeresh shoṭe ve-qaṭan (le sourd-muet, le fou et le mineur), figures juridiques décrites comme « dépourvues de discernement » (Mishna, ‘Arakhin 1:1), apparaîtront comme des cas limite privilégiés. À  travers ces cas, nos sages engagent une véritable réflexion à propos de l'intention, de sa valeur légale, ainsi que de son lien au discernement.

 

Aïn chaliah le davar avera : la question du transfert de responsabilité

Intervenant : Ivan Segré

Date : Novembre 2023

 

La notion de "aïn chaliah le davar avera" pourrait être traduite ainsi: "il n'y a pas de transfert de responsabilité dans l'accomplissement d'une mauvaise action".

La notion est a priori familière, puisqu'elle touche au coeur d'une notion philosophique fondamentale, celle de la responsabilité de ses actes.

L'intérêt de l'étude sera de sonder la manière dont le Talmud aborde ce problème, et d'interroger les commentaires et les discussions des principaux commentateurs médiévaux à ce sujet.

Il sera donc question à la fois de technique talmudique, et de problèmes philosophiques et juridiques ayant été posés avec acuité notamment au XXe siècle, à la suite de l'émergence du concept de totalitarisme.

Sources: Traité Kiduchin 42A et 43B, Baba Kama 79A, Rambam, Hilkhot Gueneva, chap 2, Halakha 15-16

De quoi les tefilin sont-ils le signe ?

Intervenant: Emmanuel Bonamy

Date:  Octobre 2023

La mitsva des tefillin est à bien des égards l’une des plus singulières. Chevillés au corps et ancrés dans le quotidien, ils sont la matière d’un rite particulièrement prégnant, et dégagent une force symbolique et affective immédiate. Leur aspect aussi visible qu’incongru, renforcé par la valeur considérable donnée à l’objet même, les rendent pour le moins énigmatiques. Pourtant, si leur sens semble impénétrable, tout comme l’est l’origine de leur fabrication, leur fonction, elle, est explicite : ce sont des signes. Il s’agit en effet de la seule mitsva, avec shabbat et la brit-mila, à être qualifiée de « ot », de signe.
Mais de quoi sont-ils le signe ? Comprendre ce que sont les tefillin, c’est alors comprendre comment, dans leur structure matérielle, des boîtes pleines de parchemins aux nœuds des lanières en passant par la manière de les apposer, ils renvoient à un sens toujours à construire, indissociable de la pratique qui en est le support.
Nous chercherons à comprendre cette logique étonnante par l’étude d’un certains nombres de passages de la guemara.

La décision majoritaire, un exemple de singularité de la pensée talmudique

Intervenant: Jérôme Avraham Benarroch 

Date: Séptembre 2023

Dans le talmud, un principe nous apprend que la loi est tranchée selon la majorité : יחיד ורבים הלכה כרבים.

Ce principe semble simple. Pourtant, cela l'est beaucoup moins quand on se penche sur les cas pratiques. Nous étudierons les textes de Ketoubot 15 et Sanhedrin 74 qui remettent en question notre compréhension première de ce principe, qui devient alors une notion avec des nuances étonnantes, fixes ou mouvantes, avec élément détaché ou non, qui font une vraie singularité de la pensée talmudique, à contre-courant des approches statistiques mathématiques.

Le noahïsme

Intervenant: Pascal Bacqué

Date: Juin 2023

Après une analyse du terme de ben Noah et du nom “ger”, nous étudierons en détail la déduction interprétative des 7 mitsvot des fils de Noé à partir du verset du jardin. Comment la déduction de ces 7 mitsvot données en gzera shava (ou en asmakhta de gzera chava) au travers d’une mise en relation du passouk d’Adam Harishon du jardin et d’autres pssoukim construisent les 7 mitsvot des bnei Noah et comment se traduisent elles dans la halakha (Maïmonide) ?

Peut-on retrouver une intelligence de ce rapprochement ? Peut-on voir la signification sourdre à partir des « gzerot chavot » elles-mêmes ? Il faudra alors passer du temps à examiner aussi bien le contexte du verset « source » (celui d’Adam) et, à chaque fois, du verset « cible » (celui de la « gzera chava »).

En conclusion nous aborderons la question cruciale: le noahïsme est-il une Torah qui n’a jamais été effective, contraignante ? Et dans quelle mesure le noahïsme a joué un rôle dans la civilisation ?

Midah keneged midah (mesure pour mesure) : la tradition juive croit-elle au karma ?

Intervenant: Myriam Ackermann

Date: Mai 2023

Nous allons nous intéresser à travers une étude du début du traité Sotah à un rituel en apparence magique : une femme accusée par son mari d'avoir commis l'adultère (femme sotah), lorsqu'on l'avait vu s'isoler avec l'amant potentiel et qu'elle niait les faits, pouvait subir l'ordalie des eaux amères. A priori le fonctionnement est simple : lorsqu'elle boit ce mélange d'eau, de sang, de poussière et de versets de la Torah, si elle est innocente, elle vivra et retournera auprès de son mari. Mais si elle est coupable, elle mourra dans d'atroces souffrances.

A priori, dans le langage de la Guemara : midah keneged midah. Ainsi est-il précisé qu'"elle est punie par où elle a péché". Midah keneged midah est un principe que des passages de notre traité s'efforcent d'appliquer à toute l'histoire juive, et notamment au récit de la sortie d'Egypte.

Jusqu'ici, tout va bien, même si certaines de ces lectures talmudiques vont délibérément à contre courant d'une première interprétation des textes du Tanakh...
Mais à travers la perspective des Sages, tout se complique : comment se fait-il que des femmes à l'évidence coupables échappent à la mort ? Se peut-il à l'inverse que l'on soit punie pour une faute que l'on a pas encore commise ?

C'est la causalité entre la transgression et le châtiment qui nous intéressera ici, nous invitant à dépasser tous les déterminismes, et à nous affranchir de la notion de destin. 

Shavouot - De l’écrit à l’oral : Quelle interprétation du texte fait sens pour les sages ?

Intervenant: Dan Dray

Date: Avril 2023

On remarque, dans de nombreux passages du texte de la Torah, une ambiguïté apparente qui questionne. Parfois, même après avoir amené l’interprétation des sages, on reste étonné de la complexité qui ressort de leur interprétation du texte.

La Torah ne pouvait-elle pas s’exprimer plus simplement ? Assurément, oui.

Mais alors, pourquoi parler une langue qui a besoin d’être décryptée pour être comprise ?

Pourquoi la place laissée à l’erreur est-elle si grande ?

Nous sommes dans la période qui sépare Pessah de Shavouot, marquée par ce que l’on nomme "Omer", une offrande en même temps qu'un compte des jours qui séparent les deux fêtes, faisant le lien entre celles-ci.

Pour illustrer notre problématique, nous nous pencherons sur une controverse fondamentale entre Sages et Sadducéens à propos de celui-ci, afin de comprendre la nécessité d’un texte à interprétation ouverte.

Devant qui un meurtrier est-il responsable ?

Intervenant: Ivan Segré

Date: Mars 2023

La guemara en Sanhédrin analyse le cas du meurtrier, selon qu'il est condamné à mort par le tribunal, ou acquitté, n'étant justiciable que du seul tribunal céleste.
La distinction est fine, et dialectique, au point de mettre en question notre capacité à retrouver le fil de la logique talmudique. Savons-nous donc ce qu'est un acte criminel qui relève de la justice des hommes?
Nous étudierons la guemara de Sanhédrin pages 76b et 77a et b en vue d'éclaircir cette question.

L'aveu ne vaut rien ou rien ne vaut l'aveu?

Intervenant: Emmanuel Bonamy

Date: Février 2023

L’aveu, témoignage éclatant de la vérité ou parole invérifiable et vaine ?

Le droit français considère l’aveu comme la « reine des preuves », et nous avons en effet l’intuition qu’il nous donne accès à une vérité définitive. Si quelqu’un s’incrimine, contre son intérêt propre, pourquoi douter de sa parole ? Du confessionnal au tribunal - et peut-être au divan du psychanalyste - l’aveu serait le chemin le plus sûr pour connaître la vérité sur quelqu’un.

Étonnamment, la logique talmudique semble suivre une voie bien différente, posant comme principe que « quelqu’un est proche de lui-même » et par conséquent « ne peut se rendre lui-même coupable ». Comme si l’inévitable partialité de l’aveu rendait ce type de discours inapte à avoir la teneur objective requise pour un témoignage. Mais elle ne l’annule pas pour autant, et lui donne dans certains cas une validité partielle.

À travers l’étude de quelques uns de ces cas, nous chercherons à cerner cette logique déroutante de l’aveu, comme si tenir un discours sur soi-même était en dire toujours trop, ou autre chose, mettant à l’épreuve notre capacité à entendre.

La matrilinéarité

Intervenant: Jérôme Abraham Benarroch

Date: Janvier 2023

La matrilinéarité semble être un fondement du judaïsme. Du moins c'est une idée bien ancrée que l'on est juif par la mère, c'est-à-dire que l'on naît juif, parce que notre mère était juive. Cela semble à peu près exact, d'après les textes talmudiques fondateurs. Mais l'explication de cette règle n'est pas forcément celle qu'on croit. Serait-ce parce qu'on connaît plus certainement la mère que le père d'un enfant? Serait-ce parce que la judéité (et qu'est-ce que la judéité??) s'objectiverait, se réaliserait, dans le corps des femmes? Ou serait-ce encore autre chose ? C'est ce que nous tenterons de découvrir en étudiant la Michna puis la Guemara page 66b du traité Kidoushin.

AldoMaccione@2022

bottom of page